Evolution: la preuve par marx

dépasser la légende noire de lyssenko

guillaume suing, editions delga, 2016

Préface de GEORGES GASTAUD

18 euros - 224 pages - Référence : 978-2-915854-93-0

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La théorie moderne de l’évolution, compromis temporaire entre darwinisme de tendance matérialiste et génétique de tendance idéaliste, est en « crise de croissance », à l’heure où les généticiens de laboratoire eux-mêmes ne croient plus à la définition classique que l’on donne au gène, et lui préfèrent une prometteuse « épigénétique »… Sans voir qu’il s’agit là de redécouvertes d’agronomes soviétiques, hier tant vilipendés pourtant.

Ces derniers avaient en effet eu le tort de critiquer la corruption idéaliste des thèses de Darwin par la génétique, lui préférant ce qu’ils considéraient comme la forme la plus haute du matérialisme : le matérialisme dialectique.

Depuis l’époque de Darwin et de Marx, une tradition de critique des nouvelles théories scientifiques par les marxistes, s’est perdue entre l’excès d’arrogance des lyssenkistes et l’excès de révérence d’un Althusser par exemple, laissant, comme à chaque « crise scientifique », l’ombre du créationnisme obscurantiste refaire surface.

À la lumière des dernières avancées de la biologie, il est temps de proposer à la critique une grille d’interprétation des faits nouveaux dans une définition réellement « matérialiste dialectique » de la vie, rendant son évolution aussi nécessaire que ses capacités à résister aux changements.

Si on ressuscite la science marxiste pour comprendre la crise financière planétaire actuelle, il est temps d’admettre qu’elle peut aussi se rendre utile dans bien d’autres disciplines pour éclairer notre monde.

Préface de Georges Gastaud, professeur agrégé de philosophie.


Georges Gastaud (préfacier du livre) :

Il faut absolument que ce livre ne passe pas inaperçu pour les raisons que voici :

Guillaume Suing est, que je sache, le plus fin connaisseur du débat théorique et épistémologique actuel dans le domaine des théories biologiques. Il dispose en outre d’une solide culture marxiste, plus précisément, matérialiste et dialectique. Le résultat est digne de ces convergences.

Au-delà des discussions récurrentes sur Lyssenko et sur l’histoire de la biologie soviétique, que l’auteur a raison d’affronter mais qui ne sont pas à mes yeux l’aspect principal du livre, l’intérêt du livre de Suing est de jeter les bases d’une synthèse dia-matérialiste dans le domaine de la conception générale du vivant. Cet effort de synthèse qui s’inscrit dans la lignée d’Engels et d’Oparine est d’autant plus important que Guillaume est porteur d’une critique fine du néodarwinisme, cette réconciliation purement éclectique de la génétique d’inspiration mendélienne et du darwinisme.

A travers de tels travaux se dessine une contre-offensive possible des partisans éclairés du matérialisme dialectique, et plus précisément, de la dialectique de la nature, conceptions qui ont été injustement bannies en France durant des décennies, y compris chez de nombreux « marxistes » qui ont pris prétexte de certaines pratiques inqualifiables de Lyssenko pour jeter l’opprobre, de manière révisionniste, sur le cœur même des conceptions marxistes. Ce n’est pas seulement la conjoncture éditoriale et idéologique qui rend possible et nécessaire cette contre-offensive, c’est le devenir même des sciences contemporaines, y compris sur le terrain de la cosmologie et de la physique, sans parler des sciences sociales et de l’histoire. J’essaie de le montrer dans mon livre Lumières communes, trajectoire dia-matérialiste en philosophie, qui sortira bientôt chez Delga grâce au courage éditorial et politique de ses animateurs.

Enfin, j’attire votre attention sur un dernier point : la défense du matérialisme dialectique, et plus précisément de son ontologie critique et dia-matérialiste, est certes un acte militant qui va à contre-courant de toute l’idéologie dominante. Mais, y compris pour être efficace politiquement et culturellement, cette défense rénovée du matérialisme dialectique doit aussi et surtout se concevoir comme une contribution scientifique et théorique qui concerne tous les amis de la vérité, et tout d’abord, les biologistes et autres scientifiques, et cela quelles que soient leurs positions politiques car comme l’a expliqué Lénine, à cent lieues de l’improbable « science prolétarienne », ce n’est pas parce que le marxisme réussit qu’il est vrai, c’est parce qu’il reflète correctement les processus sociaux qu’il peut aider à agir sur eux. C’est dans cet esprit que je vous suggère de diffuser le livre de Suing aux biologistes, profs de SVT, médecins et autres scientifiques et techniciens du vivant de votre entourage.